« Il n’a jamais été question de supprimer dès cette année les bourses au mérite. Cela aurait été incongru de le faire juste après le bac et sans concertation préalable. » Geneviève Fioroso, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, est formelle: tout est parti de la mise en ligne malencontreuse d’une information véritable – les bourses au mérite seront bien supprimées – mais prématurée : ce ne sera le cas qu’à la rentrée 2014 et ne seront concernés que les bacheliers de l'année prochaine.
Des réactions indignées
Toute la semaine les réactions des parents et bacheliers indignés de se voir finalement refuser la bourse au mérite à laquelle ils pensaient avoir droit ont provoqué de vifs débats. Des pétitions (5 000 signataires sur petitionduweb, 1 300 sur change.org), un groupe Facebook dédié, de nombreuses lettres aux députés ou des articles de parents désespérés comme Marie Dubray, « mère de famille qui n'a pas encore osé à dire à son fils que les règles avaient changé et qu'il ne toucherait pas les 200 € par mois auxquels il pensait avoir droit après avoir décroché la mention TB », sur Le Huffington Postont montré le désarroi des familles.
Soutenir les étudiants des familles moyennes
Aujourd’hui toute cette agitation - légitime - ne doit pas être l’arbre qui masque la forêt des efforts que va consentir le gouvernement auprès des jeunes : près de 120 millions d’euros supplémentaires vont être investis dès l’année prochaine. Est notamment créé un échelon « O bis » qui permettra de donner 1 000€ de bourses par an à 55 000 étudiants issus des classes moyennes qui n’en bénéficiaient pas jusqu’ici. « Ce sont aujourd’hui ceux qui ont le plus recours à de petits jobs pour financer leurs études. Leur donner cette bourse doit leur permettre de moins travailler et donc d'améliorer leur taux de réussite », explique Geneviève Fiaroso. Avec cette aide, le ministère espère même faire remonter le taux de réussite en licence « de 5 à 6 points ».
Aider les étudiants les plus défavorises
À l’autre extrémité de l’échelle, un septième échelon de bourse est destiné aux 30 000 étudiants les plus défavorisés, ceux dont les parents gagnent moins de 7 540€ par an, qui voient leurs bourses revalorisées de 15% pour passer à 5 500 € par an. Enfin, 6 000 nouvelles bourses, d’un montant compris entre 4 000 et 5 000€, vont être accordées à des étudiants en rupture avec leur famille et qui ne touchent aujourd’hui aucun revenu. Si on ne connaît pas encore exactement ceux qui pourront en bénéficier, il semble que les étudiants de prépa doivent être favorises dans la mesure où ils ne peuvent pas exercer de petit boulot tant leur emploi du temps est surchargé.
S’engage-t-on là sur la voie d’une vieille revendication de l’Unef qui pourrait conduite au fameux « revenu étudiant ». Emmanuel Zemmour, son président, y voit en tout cas la « reconnaissance qu’il faut aider les étudiants en fonction de leurs besoins et pas seulement des revenus de leurs parents ». Quoi qu'il en soit, si l’effort est important, il n’est pas inconditionnel. « Chaque année, 10% des titulaires de bourses sont radiés pour manque d’assiduité ou résultats insuffisants », rappelle encore la ministre.